« Oui c’est ça, je sais c’est terrible, l’amour ne suffit pas. » J. Pommerat
La réunification des deux Corée étonne et enchante. L’auteur décline le verbe « aimer » à travers une mosaïque d’histoires d’amour ratées, d’amitiés instables, de familles déchirées.
Nous assistons à une vingtaine de scènes comme autant de contes tragi-comiques, dont certaines fleurent avec l’onirisme et le fantastique. Déambulent des êtres ordinaires, désenchantés, fragiles qui portent des bagages trop lourds pour eux.
De ces saynètes courtes, esquissées d’un trait sûr et qui pourraient figurer dans un vaudeville, Pommerat fait des scènes mystérieuses, parfois burlesques, où l’ambiguïté règne en maître. C‘est par l’anecdote qu’il fait surgir la profondeur de la vie humaine, pénétrée par l’angoisse d’exister, en projetant sur la scène des images qui zèbrent la vision comme des éclairs.
Entre passion et mystère, entre rouge et noir, la mise en scène épouse ce regard incertain mais passionné au rythme de l’atmosphère enivrante d’un tango enflammé.
Avec : Véronique André, Pascale Bodelle, Marlène Canetti, Antoinette Chéreau, Pascale Chiron, Solange Dourau, Alain Chéreau,Thierry Daucourt, Laurent Fraimont, Stéphane Rubio.
Mise en scène : Philippe Bourrillon
Crédit photo : Vincent Gaillaud
« Si nous ne sommes pas ensemble en ce moment, cela n’est ni de ta faute ni de la mienne, mais celle du démon, qui fait que je dois me débattre avec les bacilles et toi avec l’amour de l’art. » A. Tchekhov
Tchekhov est un auteur reconnu lorsque ses sentiments le portent vers l’interprète de son œuvre, l’actrice Olga Knipper. Femme fine et intelligente, gaie et spontanée, passionnée par son métier, celle-ci mène une existence insouciante et agitée, tandis que lui, homme aimable mais distant, luttant contre une santé fragile, compose l’une des œuvres les plus importantes de l’orée du XXe siècle.
Au fil des jours, marqués par les occupations de l’auteur dans sa maison de Yalta, et les représentations de la comédienne à Moscou en tournée, la rencontre se fait idylle, amour puis mariage.
Pas moins de 412 lettres, tendres, légères ou acides, mêlant mélancolie et esquive, passion et reproches, témoignent de l’aventure tumultueuse et parfois poignante de deux caractères antagonistes. Inspirée de cette correspondance, la pièce révèle un Tchekhov intime, profondément humain, hanté par le déchirement constant de deux êtres que le destin a fait se rencontrer pour mieux les séparer.
La mise en scène, dans une ambiance feutrée et chaleureuse, tente de cerner au plus près la vérité profonde de ces deux « belles âmes généreuses ».
Avec : Sylvie Enaud, Philippe Bourrillon
Mise en scène : Philippe Bourrillon